Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Textes Libres


  Vidéos:

Thomas SAnkara (Burkina Faso)
l'homme intègre

Hugo Shavez
(discours Copenhague déc 2009)

Keny Arkana : un autre monde est possible
reportage altermondialiste

"The Take" (Argentine) ou comment les ouvriers
se sont accaparés de plus de 200 usines

Paradis fiscaux, la grande évasion
Un film de Frédéric Brunnquell
Diffusion sur France 2 dans Infrarouge.


Voyage :
La vérité, c’est qu’on ne sait nommer
ce qui nous pousse.
Lorsque le désir résiste
aux premières atteintes du bon sens,
on lui cherche des raisons.
Et on en trouve qui ne valent rien…
Extrait de Nicolas Bouvier dans l’Usage du Monde


Citation :
L'Afrique sans la France,
c'est comme une voiture sans chauffeur
La France sans l'Afrique,
c'est une voiture sans carburant
Omar Bongo


Pétition :
"Justice pour Thomas Sankara,
Justice pour l'Afrique"






10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 20:07


Sandra garda son optimisme pendant quelques mois. Mois durant lesquels elle ne pouvait rester chez elle à ne rien faire. Elle avait rendu visite à ses amis, chose qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps et c'était même excusée au près de ses parents. Elle avait multiplié les entretiens d'embauche dans des postes quelque fois au dessus de ses prétendues capacités en pensant qu'avec de l'ambition et de l'intérêt, on pouvait tout faire et tout espérer.

Malheureusement, malgré toute son énergie, elle ne parvint pas à retrouver un bon job et finit dans la même usine à emballer des Cds. La boîte d'intérim tout comme la responsable du service lui avait dit combien elle avait été chanceuse d'être reprise. Elle avait du promettre sa fidélité jusqu'à ce qu'il n'est plus besoin d'elle évidemment. Alors les journées recommencèrent à lui peser. La télé recommença à occuper leurs soirées, Alban était toujours aussi machiste. Elle se lassa de revoir ses amis qui ne faisaient de toute façon aucun effort de leur côté. Son optimisme retomba tranquillement. Sûrement aussi, sa dépression revint plus vive que jamais. Comme après avoir fait un régime et que l'on grossi à nouveau d'autant plus et même lorsqu'on arrête de fumer sans opiniâtreté et que l'on replonge encore et encore.


Charlotte, quant à elle, préparait son voyage. Elle avait déjà pris son billet. Elle avait hâte de partir comme chaque fois après quelques longs mois passés en France. Depuis des années qu'elle voyageait, contre tout ce qu'elle avait pris, elle avait perdu bon nombre de ses amis en France. Au début, elle donnait des nouvelles, quelques personnes lui répondaient mais bientôt les petits mots se firent rares et disparurent finalement. La distance avait vaincu l'amitié. Chose si légère pour ceux qui restent mais bien palpable pour ceux qui partent. Allez savoir pourquoi alors que le contraire paraîtrait plus probable. Aussi, les nouveaux moyens de communication, Internet par exemple, sont si impersonnels, vides d'une véritable sentimentalité, tellements humainement pauvre quand on les compare à de vrais contacts palpables, aux émotions qui passent à travers nous et qui remplacent jusqu'aux mots. On a plus d'affinité avec son voisin de chambre à l'armée qu'avec ses amis d'enfance une fois les belles années écoulées. C'est ainsi, les amitiés naissent et meurent aussi vite que les jours dans l'année. Ses anciens amis s'installèrent les uns après les autres, parfois ensembles, et puis bientôt ils eurent des enfants, du bonheur, des soucis, et il en oublièrent leurs amis, même ceux qui sont restés, même ceux qui sont encore près d'eux.

Les nouveaux amis de Charlotte n'étaient plus des amis intimes mais des connaissances plus ou moins approfondies qui partageaient souvent à peu près les mêmes idées et la même vie. Ils se voyaient à l'occasion et s'oubliaient très vite. Aussi vite qu'ils avaient été les meilleurs amis de monde les quelques temps qu'ils étaient restés ensembles. Aujourd'hui son amie la plus intime était peut-être la vieille dame sa voisine,  pourtant ils ne passaient pas beaucoup de temps ensemble si ce n'est les thés qu'ils partageaient chacune leur tour avec quelques gâteaux. Quant à Sandra, pas de nouvelle depuis son départ mais elle avait été contente de passer un peu de temps avec elle et d'avoir pu lui remonter le morale. Elle se dit qu'elle l'appellerait au moins une fois avant son départ pour savoir si tout allait bien. Charlotte partait dans 15 jours.


Chez Sandra, la situation avant la fin de l'été empirait. Elle était moins dramatique qu'avant son départ chez Charlotte mais sa lassitude était encore plus profonde. Au lieu de se laisser aller à flotter au milieu d'un calme océan qui la berçait doucement de ses futilités, elle partait à la dérive dans une tempête psychologique infernale qui la menait assurément à la dépression. Elle désespérait de passer ses journées à faire un travail non pas pénible mais le plus chiant du monde, cela avec des gens qu'elle détestait. Des filles rabageoises et tellement superficielles qu'elle en avait pitié.

Les relations avec Alban s'étaient calmées. Mais de ce calme qui ne promet rien de bon. A mesure que le temps passait, avec les efforts qu'elle faisait en prenant sur elle, elle s'apercevait qu'Alban n'était pas son type d'homme si seulement il pouvait y en avoir un. Il était trop dans ses pantoufles à son goût, il n'avait aucune ambition mis à part d'aller laver sa belle voiture le week-end et de partager des bières avec ses potes du boulot pendant les matchs de foot. Matchs de foot qu'elle ne voulait plus voir à la maison. Alban passait donc le week-end chez ses potes. Ils ne se voyaient donc pratiquement plus puisqu'elle travaillait de jour et lui de nuit. D'ailleurs, il y avait déjà un moment qu'ils n'avaient pas fait l'amour puisqu'elle le repoussait les quelques fois où ils se trouvaient au lit ensemble.

« Si tu penses me faire des câlins le seul matin qu'on passe ensemble le dimanche avant ton foot, tu peux rêver. Je trouve ça navrant. Excuse moi. » Alban partait en claquant la porte et le soir, une fois calmé, il remettait ça et parfois elle se laissait faire par ce que la journée elle avait eu des remords. D'ailleurs il n'y était pour rien le pauvre d'être si navrant. Il sentait la bière et s'endormait très vite sans qu'ils ne se soient rien dit. Elle avait tant envie de parler pourtant, de se confier à quelqu'un, de faire entendre sa détresse. Elle se mettait alors à sangloter comme une gamine et pensait rappeler Charlotte mais n'osait pas se rendre encore ridicule devant elle qui menait si bien sa vie.


Charlotte travaillait jusqu'au dernier jour. Elle venait de partir la semaine entière avec un groupe de bons randonneurs qu'elle menait jusqu'en Espagne ou ils feraient une boucle et rentreraient à la fin du week-end. La semaine alternait de belles journées d'automne et de rudes nuits dans les sommets qui rappelaient déjà celles de l'hiver. Le matin, chacun faisait sa petite toilette dans un ruisseau voisin avant que le soleil n'effleure les plus hauts sommets. Marmottes et autres bouquetins se laissaient entrevoir avant de disparaître happés par les interstices de la montagne. Ils reprenaient leur marche en silence comme des pèlerins d'un autre temps en route pour apaiser en chemin les âmes malheureuses de fervents apeurés par l'approche de la mort et qui désiraient âprement se confesser pour échapper aux servitudes infinies de l'enfer. On n'était bien loin de ce temps. Ces marcheurs n'échappaient que pour quelques temps aux servitudes de leur travail et de leur télé. A peine la tête sortie hors de l'eau qu'ils y replongeaient avec cet air nouveau jusqu'à la prochaine marche. Charlotte, dans les rudes dénivelées, échappait corps et âme à cet effort pénible en s'inventant des histoires, en refaisant sa vie, en l'améliorant, en devenant pour un instant une ardente députée européenne en lutte pour un mouvement social de grande ampleur, et devenant aussi tôt chef d'une entreprise en Afghanistan qui n'emploierait que des femmes, toutes les femmes et les sortirait de leur conditions inhumaines, qui ferait d'immenses bénéfices et les partagerait entre toutes, et il resterait encore pour sauver des enfants du Soudan. D'ailleurs cette société marcherait si bien qu'elle deviendrait internationale et changerait la face du monde.

-         Pardon, ne peut-on pas s'arrêter un peu, demanda une jeune femme du groupe, je n'ai plus de force.

-         Oui, bien sûr, répondit Charlotte sortie aussi sec de son immense réussite, nous pouvons faire une pose et nous restaurer un peu. Nous avons bien le temps puisque que le refuge n'est plus qu'à trois de marche et que le temps est idéal...


De retour chez elle, Charlotte écouta ses messages et en trouva trois de Sandra. Le premier, elle demandait de la rappeler quand elle pourrait. Le deuxième en pleure disait qu'elle avait besoin de ses conseils encore une fois et qu'elle espérait que celle-ci ne soit pas encore partie. Le troisième répandant à travers toute la maison la détresse de Sandra pendant une bonnes vingtaine de minutes où elle racontait tous ces malheurs. Sandra était à bout une nouvelle fois. Il était trop tard ce soir là pour la rappeler et de toute façon son dernier appel remontait à vendredi. Comme elle devait remonter à Paris pour prendre l'avion ces prochains jours, elle décida de partir rapidement pour aller passait un peu de temps avec elle.

Le lendemain, Charlotte rappela Sandra dans la journée mais elle devait travailler puisqu'elle n'était pas là. Le soir non plus. Elle avait réussi à avoir son adresse en appelant ses parents mais ne leur avait rien dit sauf qu'elle voulait lui faire la surprise. Eux n'avaient l'air de ne pas en savoir plus de toute façon. Enfin, une fois à Paris, elle alla à l'adresse indiquée et frappa à la porte persuadée qu'elle ne trouverait personne en pleine journée. Mais elle insista tout de même, insista encore et se pris à avoir un doute, une mauvaise conscience, une peur, elle cria  presque, « Sandra, ouvre, c'est moi Charlotte, je t'en prie, est-ce que tu es là, réponds moi, tu me fais peur » en vain. Alors, elle redescendit les escaliers et partie patienter sur la terrasse d'un bar voisin. Vers 18 heure, elle remonta frapper en vain, à 19 heures de nouveau. Elle commençait à désespérer. Enfin, vers 20h00, elle croisa un homme dans les escalier de l'immeuble et se dit qu'il était Alban.

 

 

Partager cet article
Repost0
10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 18:35

-         Tu vas où pour ton prochain voyage ?

-         En Asie du sud est.

-         Pourquoi faire ?

-         D'abord pour me promener, ensuite pour voir des amis et enfin pour participer à un projet au Laos.

-         C'est quoi ce projet ?

-         Développement de structures d'accueil dans les montagnes du nord du Laos pour favoriser le tourisme vert. On appel cela le tourisme équitable.

Charlotte pensait en même temps qu'elle parlait que souvent ces structures n'avaient d'équitable que le nom. L'argent allait surtout dans la poche des agences de tourisme. Et au population locale, on leur demandait de poser pour la photo, quitte à exagérer leur pauvreté. Comme en Inde d'ailleurs ou lors de son premier voyage, Charlotte s'était faite avoir par les mendiants qui parfois, souvent dans les lieux touristiques, se changeait en de pauvres vermines pour inspirer plus de pitié et obtenir plus d'argent que nul autre travailleur. Un commerce rentable et dangereux car une sorte de mafia régnait sur ce secteur. Enfin, là où elle allait cette fois ne ressemblait en rien aux bidonvilles de Mombay. Elle participerait à la création de randonnées dans des lieux magnifiques, de montagne d'eau et de jungle, à la frontière de la Chine ou personne ne peut aller sans organisations touristiques.

-         Tu seras payé Charlotte pour faire ça ?

-         Non, je serai bénévole, et même bénévole, l'organisation n'accepte pas le premier venu. Il faut déjà avoir participé dans des ONG et faire parti de quelques associations de ce genre. Et c'est peut-être normale, on emmène pas dans la jungle, dans des milieux parfois hostiles, des personnes dont on n'est pas sûr de leur capacité.

-         Et tu finances comment tes voyages ?

-         Avec mon travail mais il ne faut pas grand chose. Ca me coûte plus cher de travailler en France que d'être en vacances à l'étranger. 

-         Et tu n'as pas peur ?

-         Peur de quoi ?

-         Je ne sais pas, des gens, de la maladie. Il ne doit pas y avoir d'hôpitaux, tu dois manger n'importe quoi.

-         Bien sûr que non ! Surtout en Asie du Sud Est, c'est très développé. Presque autant qu'en France. Mais je ne peux pas tout t'expliquer, il faut partir. Il faut voyager dans la vie. C'est une bonne formation et ça te permettrait de te retrouver toi même.

-         Je ne suis pas perdue !

-         Excuse-moi, mais je ne te trouve pas au mieux de ta forme. Certaines personnes vivent grâce à leurs passions, leurs occupations, ou même leur enfants ou encore leur travail. D'autres ont besoin de partir. Enfin moi, c'est ce qu'il a fallut. Ca m'a beaucoup aidé à devenir ce que je suis. A grandir s'il on veut. A devenir une femme peut-être. Sortir de l'enfance. Ou disons, prendre du recul sur la vie pour mieux l'envisager, la cerner, savoir un peu mieux ce qui reste essentiel et ce qui ne l'est pas du tout. S'éloigner pour mieux voir. Monter sur la montagne pour apercevoir l'horizon plutôt que de rester coincé dans la gorge. Mais je m'égare. Tu ne m'as pas encore parler de toi, de Paris, de tes soucis ? Tu es venue pour ça pourtant. Mais peut-être tu te sens déjà un peu mieux même sans n'avoir rien dit, seulement du fait de ton départ, de ce petit voyage, non ?

-         Peut-être.

-         Alors c'est toujours pareil, ce n'est pas forcément fuir, c'est prendre du recul, de la hauteur. Un peu comme ce paysage. Là bas c'est le pic d'Escalet, celui-ci encore plus haut, c'est celui d'Arriouère. Dans la vallée, coule la Neste. On aperçoit le pont de Soubiron et quand on le sait, on entend la cascade de Pichaleyt. Mais parfois, ce n'est qu'un murmure de notre esprit car on ne l'entend plus vraiment. Tout dépend où l'on se trouve, dans quelle direction on regarde, où l'on veut aller. Si on a la tête dans ces campanules, le cul dans les chardons bleus ou les yeux dans les yeux avec ces lotus de montagnes cornicules, magnifiques. On ne voit et on n'entend pas la même chose. Tout est question de point de vue. Ce que l'on veut bien voir, si l'on lève la tête où si on la laisse baissée, pris dans nos godasses, à n'avoir que le goût de la sueur aux coins des lèvres et garder les yeux fermés dans la difficulté. Tout le monde prend pourtant le même chemin mais personne ne voit ni ne ressent la même chose...

-         Je ne comprends rien à ce que tu racontes. Des fois, je me demande si tu ne te racontes pas des histoires à toi même. Tu fabules ma pauvre Charlotte. Trop de montagnes dans la tête, reviens sur Terre. Moi, j'ai Alban qui me largue, je n'ai pas de boulot, pas d'appartement, alors tes divagations philosophiques, garde les pour une autre fois. Là, il me faut des réponses claires et nettes, objectives et matérialistes. Qu'est ce que je vais bien foutre en redescendant de tes nuages ! Je ne me vois certainement pas retourner chez mes parents, ni même frapper à la porte des anciens colloques où traîne encore mon ex tout crispé, froissé de mon départ sans excuse ni même d'explication ! Si tu veux, je suis super contente d'être avec toi mais comme tu dis je vais profiter de la montagne avant que l'orage ne pète et d'ailleurs qu'elle que soit mon point de vue par ce que de toute façon comme tu vois, il change à chacun de mes pas, j'adore ces montagnes, ces lacs translucides, ces fleurs, cette herbe fine et piquante. J'ai envie de m'allonger, de rouler dedans jusqu'à en perdre toute notion. Ça me fait du bien ces paysages, le bleu du ciel extraordinaire et ce vert de montagne est si apaisant. Je ne sais pas si je suis en train de « relativiser » comme tu dis mais je suis bien, mes petits soucis sont là mais ne sont pas omniprésents, d'ici je me rend bien compte qu'ils sont mêmes ridicules, banals et que nous sommes sans doute des milliers dans cette situation et pire encore. Bref, je ne suis plus seule à ruminer dans mon coin tant que le ciel est au dessus de moi et j'ai bien conscience que ce petit changement y est pour quelque chose. J'ai envie de vivre, de m'amuser et de rire. Je t'offre un verre ce soir !



Après quelques jours de vacances et de pleine air, Sandra avait récupéré toute sa joie d'enfant. La métamorphose était incroyable. A son tour, elle prenait la vie du bon côté. Elle était positive ainsi que Charlotte l'avait toujours connu. A tel point que celle-ci, malgré ces voyages et sa réussite, en devenait banale. La force de Sandra, venait du plus profond d'elle même, sa bonne foi, son charisme et sa bonté en ressortaient plus vives comme après une longue période d'hiver. A son retour à Paris, elle retrouva Alban un peu aigri mais elle su très bien se faire pardonner. Elle avait compris une chose pendant ces quelques jours qui lui paraissait important, il fallait avoir des projets dans la vie pour garder, malgré les difficultés, tout son optimisme.


Partager cet article
Repost0
10 juillet 2009 5 10 /07 /juillet /2009 09:29
 

Enfin Charlotte arriva. A pieds, elles traversèrent ensemble la ville et prirent la direction du hameau où se trouvait le chalet de Charlotte un kilomètre plus loin. Sandra dit qu’elle avait l’habitude de marcher dans Paris. La nuit était tombée. Elle ajouta qu’elle n’avait jamais vu un endroit aussi tranquille et silencieux. Pour ne pas dire effrayant, puisque il n’y avait qu’elles sur la petite route qui menait dans les hauteurs de Saint-Lary.

Je ne pourrais jamais habiter à la campagne dit Sandra. Sur quoi Charlotte renchérie

Et moi je ne m’installerai jamais en ville. J’ai bien vécue quelques mois dans de grandes capitales comme Istanbul, Delhi et même le Caire et c’est vrai que vivre dans une capitale a quelque chose d’envoûtant. Tout s’y passe et surtout les événements culturels mais malgré tout, j’aime trop la qualité de vie qu’on peut avoir en campagne. La tranquillité, le silence joue énormément sur mon psychique. Et puis les gens de la campagne sont moins stressés et plus souriants. Souvent j’ai envie d’être déjà vieille quand je vois les mamies toutes tranquilles avec leurs petites habitudes. Leurs traits me font penser qu’elles ont déjà tout vu, tout vécu, et que finalement elles n’aspiraient qu’à une seule chose, le calme d’un jardin, des occupations utiles et quotidiennes. Le rythme de vie selon les saisons… Bref, je n’en suis pas là mais souvent je trouve ma vie un peu speed. Je suis toujours en train de faire quelque chose, souvent quelque chose de différent et je suis toujours en retard donc obligée de courir.

Tout le contraire de moi, j’ai l’impression d’être déjà vieille dit Sandra. Je fais toujours la même chose et souvent rien. Les saisons passent mais je ne les vois pas. Ne rien faire. Regarder les émissions de retraités à la télé. Pourtant je sais que de ne rien faire donne envie d’en faire encore moins. Quoi que là, ce n’est pas possible. Et puis rien ne me passionne. Tu voudrais que je fasse quoi ? Tout est payant. Dès que je bouge, je raque. En plus j’ai même pas le permis. J’ai fait de la danse, ça m’a saoulé, de la piscine, laisse tomber, quand il fait froid dehors, impossible de me motiver.

Oui tu as vraiment une vie mais surtout des idées de vieilles. Tandis que pour moi, le temps passe bien trop vite pour tout ce que j’aimerai faire. Et toi tu ne fais rien et tu as plein de temps. Il faudrait échanger nos places quelques semaines. Enfin non, je suis contente de ce que je fais. Emmener les gens en montagne, je trouve ça plaisant. Souvent ils prennent le temps de parler avec moi. Certains sont très intéressants, passionnés dans tel ou tel domaine comme par exemple la botanique ou quelque chose du genre.

T’as vraiment des goûts bizarres. 

Non, je m’intéresse c’est tout. A beaucoup de choses. J’aimerai en savoir plus sur tout. Etre incollable quand il y a quelqu’un qui fait son intéressant et qui me raconte des conneries, j’aimerai le moucher. Et puis il y a la peinture, ça me prend beaucoup de temps, c’est pour ça que je peins plus souvent en voyage. Ensuite je fais des expositions quand je rentre en France et je les vends. L’année dernière ça m’a rapporté près de 500 €. C’est dire comme les gens ont du fric à gaspiller

Arrêtes de faire ta modeste, tu peins super bien. De toute façon, t’as toujours était doué toi.

Je ne crois pas que je sois plus doué que qui que ce soit. J’ai juste trouvé à faire des choses qui me plaisaient et alors j’ai plus envie de les faire bien. Aussi participer à des associations humanitaires m’a ouvert les yeux sur la chance que j’ai, enfin qu’on a tous. Avoir une famille, des droits, de l’argent etc. Maintenant je passe toujours une partie de mon temps à l’étranger dans une association humanitaire et je peux te jurer que ça me fait autant de bien que le peu de choses que j’apporte aux déshérités. Bon je me dirige de plus en plus vers des associations qui travaillent à la protection de l’environnement. Des malheureux malheureusement il y en aura toujours alors que des sites merveilleux qui disparaissent, ils disparaissent pour toujours. J’ai l’impression alors que je sers à quelque chose, que nos actes vont dans le bon sens. Quelque chose qui restera quand je serai partie. Bref, aussi à chaque fois je rencontre de nouveaux gens excellents, du moins dans mes goûts et on passe de bons moments en travaillant ensemble. Et rencontrer de nouveaux gens à chaque fois, c’est génial…

Sandra n’écoutait plus que d’une oreille son amie. Elle en avait suffisamment dit pour qu’elle se rendre compte de sa vie de merde à elle, mais de toute façon elle serait bien incapable d’en faire autant. Toujours active, motivée, épanouie, passionnante. Et alors qu’elle l’a regardait, en plus, elle l’a trouvait très belle ! De cette beauté des gens qui sont naturels et biens dans leur peau.

Charlotte finissait son monologue :

Bref, je me demande comment font les gens pour s’emmerder, pour trouver la vie nulle. Je me sens super bien. Je trouve la vie géniale du moins ma vie géniale.

T’as bien de la chance répéta Sandra que ce discours avait encore plus désespérée.

Puis le silence s’installa. Elles n’avaient pas grand chose en commun. Du moins plus grand chose car elles se connaissaient depuis qu’elles étaient petites. Jusqu’à l’âge de quinze ans, leurs parents passaient leurs vacances ensembles dans une maison de famille près de Narbonne. A l’époque, Sandra était la plus vive. Aussi la plus dévergondée. C’est elle qui menait les autres. En remontant ce soir chez elle avec son amie, Charlotte revoyait comme si c’était hier, tant cela l’avait marqué, les fois où elles avaient fait le mur la nuit pour retrouver leur amis. C’était facile puisqu’elle avait une caravane pour elles dans le jardin de la propriété mais de là étaient né leur solidarité d’adolescente, chose qui reste toute la vie. Un jour, un ami de leurs parents, un monsieur, était venu les voir dans leur caravane et avait dit à Charlotte d’aller jouer dehors pendant qu’il discutait avec Sandra. C’était peu après qu’elles aient fêté leur treize ans. Charlotte avait tout de suite averti ses parents. Sans doute, avait-elle senti que quelque chose n’était pas normal même si à cet âge, elle n’avait pu imaginé une chose pareil.
Partager cet article
Repost0
6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 20:40

 

Le réveil hurla. Cinq heure du matin. Charlotte s’assit au bord du lit et se frotta les yeux. Elle faisait parti des gens qui ne lézardaient pas au lit mais qui sautaient dans la douche à peine le réveil sonnait. Souriante, dynamique, c’était une petite femme qu’on aimait côtoyer dans la vie tant elle inspirait de gentillesse et d’optimisme. Elle se brossait les cheveux quand son téléphone sonna :

Allo Sandra qu’est ce qui t’arrive ?

Je n’arrive pas à dormir et je pensais à toi. Tu es en France depuis plusieurs mois et tu n’es même pas venue me voir.

Je sais Sandra, je suis désolé, je n’ai pas pris le temps mais je viendrai . Enfin, c’est pas pour ça que tu appels à cinq heure du mat ? Pourquoi tu ne dors pas ? Tu as des ennuies ? Qu’est ce qui t’arrives ?

Pas grand chose justement, je ne fais rien à part bouffer. Je me fais chier. On n’arrête pas de s’engueuler avec Alban. Je n’ai pas de boulot et je n’ai pas envie d’en chercher. Enfin voilà, tout va bien quoi !

Tu sais à quoi tu me fais penser ?

Non

A toute ces petites françaises pourries gâtées

Je sais, tu vas me ressortir tes pays pauvres où les enfants aimeraient bien aller à l’école, porter chaque jour un vêtement différents… mais même eux, je suis sûr, ne sont pas aussi abandonnés que moi.

Peut-être bien mais ce n’est pas une raison pour se laisser aller. Pourquoi tu ne viendrais pas me voir puisque tu ne travailles pas ? Ca te ferai du bien de changer d’air.

Je sais pas, je n’y avais pas pensé.

Jeudi, je ne travailles pas, je te remonterai le moral ;

Ok, je vais voir, tu crèches où ?

Saint-Lary-Soulan, dans les pyrénéens. Appel moi quand tu y es, je viendrais te chercher.

Je fais comment de Paris ?

Ma parole, t’es jamais sortie de chez toi ! Tu prends un train pour Tarbes. Tu auras certainement un changement à Bordeaux. Puis, de Tarbes tu prends un bus à la sortie de la gare.

Tu sais, je n’ai pas souvent pris le train. Ca fait au moins trois ans que je ne suis pas sortie de Paris. Mais je vais y arriver. Je me demande si je ne vais pas partir aujourd’hui. Bon je te laisse, Alban va arriver du boulot. On va voir comment ça va se passer mais je suis motivée.

Ok, bon à ce soir. Appel si tu as quelque chose.

Bisous

Bisous


Charlotte repensa une seconde aux malheurs de son amie. Comment elle faisait pour s’ennuyer pensait-elle. Avec tout le temps qui lui manquait pour faire tout ce qu’elle aurait voulu faire. Enfin, elle avait déjà réussi dans sa vie à réaliser quelques trucs dont elle était fière. Déjà, elle avait travailler dur pour être guide internationale et ensuite se spécialiser dans la montagne. Elle avait ce petit chalet dans un hameau voisin de Saint-Lary qu’elle habitait tous les étés à ses retours de voyages et qu’elle louait l’hiver. C’était un de ces beaux cadeaux qu’elle avait eu de sa famille notamment de sa grand mère. Cela lui permettait de mettre pas mal d’argent de côté tout en voyageant une bonne partie de l’année.


Chaque matin, elle se rendait de bonheur à l’agence de tourisme pour qui elle travaillait et prenait un groupe pour les mener promener en montagne. Plusieurs circuits existaient qu’elle choisissait par rapport aux difficultés et au groupe qu’elle avait. Certains se trouvaient en Espagne, d’autre duraient plusieurs jours alors ils partaient avec les toiles de tentes et la bouffe. Mais la plupart du temps, ce n’était qu’une ballade à la journée dans le parc national de Néouvielle. Enfin, elle trouvait sympa de voir les gens souffrir physiquement pour aller retrouver la nature et le grand air. Elle trouvait cela rassurant de voir que la randonnée était un sport qui rencontraient de plus en plus d’adeptes. Des adeptes de tous les âges et souvent heureux comme on peut l’être en vacances. C’était donc un boulot pas du tout désagréable.

En dévalant la pente avec son vélo, Charlotte pensa à nouveau à la venue de Sandra. Elle ne pouvait s’empêchait d’avoir de la peine pour son amie. Elle se disait qu’elle l’emmènerait avec elle dans ses randos et que ça lui ferait le plus de bien au monde. Que dans l’effort, elle trouverait les solutions à ses problèmes. Beaucoup de gens avaient des révélations alors qu’ils se trouvaient au plus raide d’une montée à travers les montagnes.

Vers huit heures, son téléphone sonna. C’était à nouveau Sandra ;

Allo, Charlotte, je me suis engueulée avec Alban, il dit que si je pars, ce sera définitif. Maintenant il dort, j’ai la gueule dans le cul et je ne sais plus quoi faire.

Tu devrais lui écrire un petit mot et faire ton sac. Une petite séparation ne fait pas de mal et si il tient à toi, il comprendra.

Il ne veut rien entendre, si je pars, il foutra mes affaires dehors.

Comme tu veux Sandra. Je ne t’oblige pas mais c’est certain que c’est la meilleure des choses que tu aurais à faire.

Sandra s’était mise à sangloter. Charlotte, au milieu de ses touristes qui attendaient ses directives pour partir ne savait pas trop quoi lui dire. Elle ne pouvait pas prendre les décisions à sa place. Elle n’était pas dans sa vie et était bien consciente de son recul par rapport à une telle situation.

Allez Sandra, bouge. Tu verras bien. Ta vie ne s’arrête pas à Paris dans cette piaule à attendre ton mec. Je t’assure que de venir me voir te donnera la force de le faire changer d’avis si tu en as le cœur. Va à la gare et prend un train. Tu verras, rien que ça et tu seras libérée. Tu te sentiras beaucoup mieux. Et puis tu l’appelleras pour lui expliquer. Tes idées seront plus claires. Ca va bien se passer, c’est certain. Allez, je te laisse, je suis au boulot mais je te dis à ce soir et je serai toujours là pour t’aider.

Et Sandra dans un demi-sourire

Toute façon, tu n’auras pas le choix de m’aider s’il me met dehors.

Pas de problème pour t’accueillir, à ce soir, gros bisous, je te laisse. Bon courage.


Sandra raccrocha et resta un moment indécise sur sa chaise. Elle regardera la pièce autour d’elle, la petite fenêtre d’où l’on apercevait la grisaille parisienne, la pendule du salon qui prenait son temps. Toutes ces secondes à ne rien faire. La télé avec de la poussière, la seule chose qui lui donnait des nouvelles de l’extérieure. Au dessus, une photo d’elle avec Alban et ce joli sourire de leurs premiers amours puis les chaises, le canapé, ce fauteuil griffait par le chat, ce papier jauni, le trou de la VMC noircie au plafond. Elle alla jetait un œil dans la chambre. Alban dormait paisiblement, fatigué par sa nuit de travail. Elle avait l’irrésistible envie de s’allonger contre lui et alla se blottir un instant. Mais elle n’avait pas envie de dormir. Elle avait envie de faire quelque chose aujourd’hui, comme aller acheter des fringues. C’est souvent ce qu’elle faisait quand elle avait une coup de blouse. Mais il ne fallait pas. Déjà, son armoire était pleine de choses qu’elle n’avait jamais remis. Et puis pas d’argent de toute façon pour se faire plaisir. «  je vais trouver du travail se dit-elle » puis après quelques secondes : « je pars en vacances quelques jours chez Charlotte, ensuite je trouverai du travail ». Motivée par sa décision, elle écrivit un mot à Alban, jeta quelques affaires dans son sac et partie, non sans regarder une dernière fois son appart comme si au fond d’elle, elle savait déjà qu’elle ne le retrouverai pas de sitôt, si elle le retrouvait un jour. Mais cela n’était pas cartésien, ça ne fit qu’effleurer son esprit. Plus personne n’écoute son instinct.


Par la fenêtre du train, les paysages défilaient à grande vitesse. D’abord l’agglomération de Paris puis les vastes paysages de Beauce : Chartres, Vendôme, Tours. Sandra se demandait qu’est ce qu’il pouvait bien y avoir à faire dans une telle campagne. Jamais elle n’irai vivre en province. Née et grandie à Paris, elle ne supportait pas les grands espaces sur lesquels le soleil se couche. Après Poitiers, c’était les prairies où les vaches immobiles regardaient passer le train. Déjà, Sandra pouvait sentir toute l’angoisse de sa vie se détachait et flottait devant ses yeux pour qu’elle puisse mieux la voir. Mais elle ne voulait pas penser. Elle voulait éviter cela à tout prix depuis qu’elle avait passé la porte de chez elle. Elle s’obstinait, pour s’occuper, à observer les gens autour d’elle et à essayer d’imaginer leur vie. Tous avait une tête différente pourtant elle n’arrivait pas à leur donner une vie différente. Ces messieurs devaient travailler dans des usines et ces dames emballaient des packs de Cds. C’était tout ce qu’elle concevait pour eux. Après le changement de train à Bordeaux qui s’était bien passé malgré son angoisse de ne pas savoir faire, le train traversa les Landes. Forêt de pins infinie puisqu’ils ne menaient nul part. A Tarbes, le bus pour Saint-Lary l’attendait comme prévu devant la gare et elle n’eu même pas le temps d’allumer une cigarette. Déjà la route s’enfonçait dans une vallée sombre entourée de hautes montagnes et où le soleil ne parvenait plus.

Enfin, elle descendit à l’arrêt de bus et chercha Charlotte des yeux. Après cinq minutes d’attente, elle se dirigea vers un petit banc et s’assit. Elle se sentait seule au monde et abandonnée. Son petit sac serrait entre ses jambes tremblantes, les gens la regardait en passant, elle écrasa sa troisième cigarette. La nuit tombait.

Partager cet article
Repost0
2 avril 2009 4 02 /04 /avril /2009 14:27


C’était l’heure préféré de Sandra. Allongée sur son lit, en chemise de nuit, elle sirotait un thé avec sa clope et sa télécommande. Alban était parti travailler à 20h30 et elle était enfin tranquille. Depuis qu’elle n’avait plus de boulot, Alban la prenait pour sa boniche. Il aurait voulu en plus qu’elle lui prépare des petits plats. Elle se tapait déjà ses lessives avec ses chaussettes puantes, elle faisait les courses, le ménage, la vaisselle… En fait, tous ce qu’elle détestait et c’était la base de leurs engueulades.

Mais entre eux, dorénavant, toutes les excuses étaient bonnes pour s’engueuler. Après les premiers mois de folies succédèrent les mois de guerre. En ce moment,c’était la guerre froide. Les reproches méprisés fusaient et faisaient comme des coups de couteau dans le cœur.

Au début leur histoire passait pour être idyllique : rencontre comme ça ne se fait plus, c’est à  dire pas par Internet, ni même en boîte de nuit mais entre amis à force de restos et de cinémas. Elle avait fini par se faire raccompagner puis par le faire rentrer chez elle. A L’époque, elle habitait en collocation avec trois autres personnes et finissait une histoire avec l’une d’elle. Une autre erreur. Sandra avait donc saisit l’occasion et était partie très vite vivre chez Alban.

A la télé, que des films avec des flics et des tarets psychopathes. La météo qui n’avait pas besoin d’annoncer froid et grisaille. Quelle vie de merde. A 25 ans , Sandra se disait qu’elle n’avait encore rien fait de sa vie. Petits boulots sur petits boulots, presque autant que des mecs et tout aussi débiles. Alban était sympa et réglo. Ouvrier en usine, il passait ses nuits à tordre des bouts de ferraille, toujours les mêmes, avec une machine. Mais pour tout le monde, il travaillait dans l’aéronautique, une place rare… Il ramenait 1500 € de salaire sur 13 mois, maintenant c’était sûr, il ferait cela toute sa vie. A moins qu’un jour, peut-être demain, la société délocalise et le foute dehors. C’est ce qui pouvait lui arriver de mieux. Quoique, se dit-elle, c’est ce qui est arrivé à mon père et depuis il est sous anti-dépresseur.

Elle éteignit la télé avec rage. « ils feraient mieux de cultiver un peu les gens au lieu de les abrutir avec ces conneries dit-elle tout haut à un auditoire invisible ».

Elle revenait de se brossait les dents quand son téléphone sonna. « ma mère, il ne manquait plus qu’elle ! »

Allo Maman

Oui je suis allé à l’entretien

Non, ça s’est mal passé. Je connais ce boulot. Emballer des Cds toute la journée dans un entrepôt même pas chauffé.

Oui je sais maman, si tu veux, je suis une feignante, mais je préfère rien foutre pour le même prix. Je gagne même plus avec les assedic. En plus c’est une ambiance de merde, les pauvres filles se boufferaient entres-elles pour avoir la chance de rester quand ils commencent à virer du monde par ce que les grosses commandes sont terminer pour l’année.

Faut bien qu’il y en ai qui profite. D’ailleurs papa dit toujours qu’il n’y a que les bougnoules qui en profitent et que c’est toujours les mêmes qui bossent. Il est bien content de recevoir le chômage en ce moment !

C’est ça, j’ai toujours raison. En attendant je ne vous demande rien, et surtout bosse pour que je puisse bouffer avec tes impôts !

 

« elle a raccroché, tant mieux, toujours pour m’engueuler ». Elle jeta son téléphone sur son lit et prit un livre ; « Je ferai mieux de dormir, dormir indéfiniment ».


Partager cet article
Repost0