Bonjour tout le monde
Voilà un grand mois que je suis au Burkina. Après m'être un peu laissé envelopper par les meurs d'ici, après avoir passé un peu de temps dans la brousse, les villages et puis la capitale, j'aimerai en dire quelques mots.
80% de paysans sans eau potable ni électricité qui vivent dans le monde parallèle de celui de leurs ancêtres et à qui ils s'adressent chaque jours.
80% d'analphabètes mais à quoi sert de savoir lire et écrire quand on connaît à 12 ans le coran par coeur, en entier, même si on n'en connaît pas vraiment toute la signification. Ces enfants de l'école coranique, gratuite, qui errent pratiquement toute la journée loin de leur famille pour mendier à manger pour eux et leur marabout.
Et puis ceux qui ont la chance d'être envoyés par leur famille à l'école normale, les plus doués, sur qui on investi ses biens pour que plus tard, s'il y parvient, cet enfant subvienne au besoin de toute la famille et de ses voisins de quartier en trouvant peut-être un travail.
Ici, tout le monde mange, c'est déjà pas mal. Aussi et surtout d'après eux, ici il y a la paix. Et cela, c'est bien le principal. Car partout autour, ça pète. Des guerres, des guerres civils, entre ethnies, entre religions, entre pays. Des guerres qui amènent l'exode, la famine et la mort de beaucoup de parents. 2 millions de réfugiés revenants de côte d'Ivoire ces dernières années, beaucoup d'orphelins.
Ici, il n'y a rien mais c’est la paix alors on est heureux, on rie entre Peuls, Mossis, on se moque gentiment des Bobos, des Senoufos. On laisse le président s'enrichir un peu du moment qu'il a les épaules assez large, du moment qu'il est assez diplomate pour prolonger la paix. On évite de parler de religion, on s'entend, on s'accorde, on partage.
L'étranger que je suis prend une nouvelle fois une leçon d'humanité. Tout est réglé comme une horloge, pas besoin d'état, ni de flics, ni de justice, tout se passe dans le quartier, dans le village. On écoute les vieux raconter des heures durant, dans une litanie tranquille, les histoires, les morales, les rois, les grandes familles.
Voilà la vrai éducation des enfants.