Après cette nuit sans sommeil, nous arrivons à la station de bus au petit matin et devons atteindre le centre ville pour y trouver une chambre. Rituel maint fois reproduit. Négocier un taxi, négocier le prix d’une chambre… Une perte de temps bien nécessaire pour ceux, comme nous, qui voyagent avec peu d’argent. Dans la rue, les taxis attendent. L’un d’eux, jeune excité, empêche toute concurrence en abaissant son prix de façon exagérée. On aurait dû se méfier… On lui demande de nous emmener dans un certain hôtel. Un que nous savons modeste et que des voyageurs croisés ces derniers jours nous ont conseillé. Lui, évidemment, dit qu’il ne connaît pas ce nom, que ça doit être fermé, et réussit à nous déposer devant un autre hôtel… Je descends donc, pour demander le prix, bien plus cher, et surtout, me renseigner pour l’hôtel que nous cherchons. Ce qui est grave, c’est que le monsieur de l’accueil me confirme que l’autre est fermé ! Incroyable, il a fermé dans la nuit.
Pendant ce temps, Daoud est dans la voiture. Le jeune chauffeur a sorti un seau et semble laver ses vitres. J’explique à Daoud, en remontant, comme ces gens mentent sans scrupule. On est fatigués et on aimerait aujourd’hui que ce soit plus facile. On est las de toujours se battre, de devoir faire attention à ne pas se faire arnaquer, de toujours devoir négocier… Mais, pourquoi le coffre est-il ouvert ? Et le gars derrière, que fait-il ? Je suis certain que ce mec est en train de nous voler. En une seconde, on se précipite hors de la voiture pendant que lui ferme le coffre promptement et fait signe qu’on peut y aller. C’est ça, mon gars. Prends-nous pour des jambons. On ouvre le coffre et nous apercevons que les affaires ont été bousculées et qu’il a cherché à nous voler… Après vérification, rien ne semble manquer. Il n’a pas eu assez de temps. Il fait l’innocent et ne comprend pas l’anglais. Quand ça les arrange… La voiture repart. Nos décisions se ressentent de notre nuit sans sommeil. Et surtout, on est trop las pour se fâcher vraiment alors on lui dit simplement de nous déposer en ville et de partir. Quand même, il essaie de nous demander plus d’argent que prévu, il proteste, il claque la porte. Je te jure. Le petit con… Quelques semaines plus tard, Daoud s’aperçoit qu’il a égaré 40 dollars qu’il avait mis de côté. Les 40 dollars qui étaient dans la sacoche de son sac dans le coffre de la voiture à ce moment-là. Daoud se fâche. Il pense comme moi. Ne cherchons plus, c’est le taxi de Chiraz. C’est écœurant de se faire voler. Il n’y aurait pas eu autant de kilomètres à faire pour calmer notre colère que nous l’aurions retrouvé…